Bulle technologique de l’IA : entre innovation, illusions et mémoire des crises — sommes-nous en 2025 au bord d’un nouveau krach ?
Par un pierre vandamme formateur en iag & web , ex banquier — nov 2025
Introduction : l’IA, une révolution qui fascine… et qui inquiète
Depuis deux ans, l’intelligence artificielle s’est imposée comme l’innovation la plus rapide de l’histoire technologique moderne. Les outils génératifs — qu’il s’agisse de ChatGPT, Gemini, Claude, Mistral, Perplexity ou Sora — ont bouleversé nos usages personnels, professionnels et créatifs, à un rythme qui n’a rien de naturel.
Jamais une technologie n’avait été adoptée si vite :
- ChatGPT : 1 million d’utilisateurs en 5 jours,
- GPT-4.1 : utilisé par 7 millions de professionnels dans le monde,
- IA vidéo : devenue en 2025 un nouveau standard dans les médias, le cinéma et la pub,
- IA dans l’entreprise : plus de 70 % des PME européennes déclarent utiliser un outil IA, selon Eurostat.
Mais derrière cette effervescence se cache un autre phénomène, bien moins rassurant : une flambée des valorisations, une concentration extrême du marché, une dépendance dangereuse à quelques acteurs clés, et une économie dopée aux investissements massifs — parfois plus irrationnels que visionnaires.
Cette question s’impose :
👉 Sommes-nous en train de revivre la bulle Internet des années 2000 ?
Ou pire : une bulle encore plus puissante, alimentée par des promesses beaucoup plus ambitieuses ?

PARTIE 1 — Les signaux d’alerte d’une bulle technologique
1.1. La flambée des valorisations : un air de déjà-vu
Pour comprendre la situation actuelle, il suffit d’ouvrir un graphique boursier : Nvidia, Broadcom, Super Micro Computer, Arm, ASML… La majorité des entreprises liées à l’IA ont vu leur valorisation exploser depuis 2023.
Nvidia, en particulier, est devenue la superstar du marché : bulle ia : bulle spéculative ia , bulle techo temporaire ou krach boursier ou économique ?
- +1 000 % en trois ans,
- une capitalisation dépassant parfois Apple,
- un quasi-monopole sur les GPU, devenus la nouvelle “pétrole-tech”.
En 1999, les investisseurs se ruaient sur les startups Internet.
En 2024-2025, ils se ruent sur tout ce qui touche, de près ou de loin, à l’IA.
La similarité est frappante :
- en 1999, les entreprises se mettaient à ajouter “.com” à leur nom pour attirer les investisseurs ;
- en 2024, certaines lèvent des millions simplement en ajoutant “IA” à leur pitch deck.
L’Histoire ne se répète pas, dit-on.
Elle rime. Et l’année 2025 rime très fort avec 2000.
1.2. Les ratios financiers : les mêmes délires qu’en 1999
Lors de la bulle Internet, certaines entreprises avaient des valorisations stratosphériques sans aucun chiffre d’affaires réel.
Le discours était : “l’avenir sera numérique, investissez avant qu’il ne soit trop tard.”
Aujourd’hui, l’argument est : “l’IA va tout changer, mieux vaut être dedans que dehors.”
Les discours changent.
La dynamique psychologique, elle, reste identique.
Les actions IA présentent des ratios P/E (cours/bénéfices) dignes des plus grands excès financiers :
- Nvidia : P/E souvent autour de 60 à 80,
- certaines entreprises IA : >100,
- startups : aucune rentabilité avant 2030.
Même les hedge funds les plus prudents reconnaissent que “tout semble trop beau, trop vite”.
1.3. Les alertes institutionnelles : quand la BCE s’en mêle
En 2024, la BCE a publié un avertissement rarement vu :
« Attention à la formation d’une bulle technologique liée à l’intelligence artificielle. »
Les raisons :
- La concentrationQuelques entreprises — Microsoft, Google, Amazon, Nvidia — captent la majorité des profits.
- La dépendance énergétiqueLes datacenters IA consomment autant qu’une ville entière.Si l’offre énergétique ne suit pas, le secteur peut s’effondrer.
- Le risque de pénurieLe monde dépend des GPU de Nvidia comme il dépendait du pétrole dans les années 1970.
- La spéculation financièreLes investissements dépassent de loin les revenus réellement générés.
Dans les années 2000, le Nasdaq a perdu 78 % de sa valeur en deux ans.
Aujourd’hui, la BCE et la Fed scrutent des indicateurs très similaires.
1.4. Michael Burry, le prophète du “Big Short”, tire la sonnette d’alarme
Michael Burry, l’homme qui a anticipé la crise des subprimes, a déclaré en 2024 :
« L’IA attire aujourd’hui un capital aussi irrationnel que celui du secteur immobilier en 2006. »
Il ne dit pas que l’IA n’a pas de valeur.
Il dit que le prix payé pour cette valeur est déconnecté de la réalité.
Pour lui, certains investissements IA ressemblent à un casino :
- absence de rentabilité,
- dirigeants qui promettent des révolutions,
- startups qui brûlent des millions par mois,
- une hype alimentée par FOMO.
Ce discours rappelle celui de Warren Buffett en 1999,
quand il refusait d’investir dans les “.com” car “la valeur d’une innovation ne justifie pas toujours la valeur d’une entreprise.”
PARTIE 2 — Innovation et limites : entre progrès réels et illusions technologiques
2.1. L’IA, moteur d’innovation incontestable
Ne nous trompons pas :
l’IA n’est pas un gadget. Elle change réellement des centaines de métiers, elle crée de la valeur, elle automatise, elle libère du temps, elle ouvre des opportunités immenses.
Exemples en 2025 :
- IA médicale (analyse d’imagerie, dépistage, triage),
- robots industriels pilotés par IA,
- copilotes métiers,
- IA embarquée dans les voitures,
- IA vidéo (Sora) qui bouleverse la production audiovisuelle,
- agents autonomes capables d’exécuter des tâches complètes.
Ce n’est pas une bulle vide, comme certaines startups Internet en 1999.
Il y a une technologie solide, impressionnante, en progrès constant.
Mais…
2.2. …l’IA souffre de limites massives
1. Les hallucinations
Même les meilleurs modèles peuvent produire des erreurs absurdes.
2. Les coûts explosifs
Entraîner un modèle de pointe coûte entre 300 et 800 millions de dollars.
3. La dépendance matérielle
Sans GPU, pas d’IA.
Sans énergie, pas de GPU.
4. La réglementation
L’IA Act impose désormais audits, documentation, classification des risques, etc.
5. La rareté des compétences
Les ingénieurs IA sont aujourd’hui aussi rares… que les développeurs web en 1998.
C’est un paradoxe : l’IA promet de réduire les coûts, mais elle coûte très cher à mettre en place.
2.3. Les usages réels en entreprise : un bilan contrasté
Nombre d’entreprises affirment utiliser l’IA.
La réalité est plus nuancée :
- Certaines obtiennent un ROI rapide.
- Beaucoup investissent… mais ne savent pas comment l’intégrer.
- Certaines reviennent en arrière (coûts trop élevés).
- La majorité manque d’une stratégie claire.
Cela rappelle étrangement 1998-2000 :
Les entreprises savaient qu’elles devaient “aller sur Internet”, mais… pour faire quoi ?
Aujourd’hui, elles savent qu’elles doivent “faire de l’IA”, mais… comment ?
PARTIE 3 — Comparaison : bulle IA vs bulle Internet (2000)
3.1. Les points communs troublants
📌 1. Une technologie révolutionnaire, mais mal comprise
En 1999 : “Le web va tout changer.”
En 2025 : “L’IA va tout changer.”
Les deux affirmations sont vraies.
Mais on a surestimé la vitesse de transformation.
📌 2. Une adoption massive et précipitée
- 1999 : entreprises créent un site web sans stratégie.
- 2025 : entreprises déploient des IA génératives sans diagnostic.
📌 3. Des valorisations sans rapport avec les profits
L’Histoire est sans appel :
Quand la promesse future remplace la performance présente, la bulle enfle.
📌 4. Une concentration extrême
En 1999 : AOL, Yahoo, Amazon, Cisco…
En 2025 : Microsoft, Google, OpenAI, Nvidia…
📌 5. Une bulle alimentée par la peur d’être “en retard”
Le fameux FOMO : Fear Of Missing Out.
3.2. Les différences majeures dans le temps et chronologie
📌 1. La technologie IA est déjà utile
En 1999, beaucoup de startups Internet n’avaient aucun produit fonctionnel.
En 2025, les IA fournissent une valeur immédiate.
📌 2. L’IA touche tous les secteurs
La bulle Internet concernait avant tout le numérique.
La bulle IA touche :
- médecine,
- industrie,
- finance,
- énergie,
- logistique,
- commerce,
- formation,
- communication.
📌 3. Les acteurs sont beaucoup plus solides et investissent des milliards de dollars ou euros !
En 2000 : beaucoup de startups américianes sans revenus.
En 2025 : Microsoft, Alphabet, Amazon — des géants ultra rentables, dont les résultats de Nvidia très solides fin 2025
📌 4. L’accès aux données
En 1999 : pas de données, pas d’utilisateurs.
En 2025 : explosion de data, capteurs, historiques, vidéos, images.
Face aux pressions des États-Unis, l’UE allège le RGPD et l’IA Act
Le projet Omnibus, qui avait fuité ces dernières semaines, a bien été présenté par la Commission européenne. Il allège le RGPD et repousse l’application de l’IA Act.
La bulle IA, si bulle il y a, est donc plus solide, mais aussi potentiellement plus dangereuse.
Ce mercredi 19 novembre 2025, la Commission européenne a proposé le Digital Omnibus, un paquet législatif qui vise à simplifier, clarifier et harmoniser plusieurs textes réglementaires numériques déjà existants. Dans la réalité, le projet, dont les dispositions avaient déjà fuité dans la presse, consiste en un assouplissement du RGPD et de l’IA Act. Une démarche qui sonne comme un recul face aux pressions de Washington et des géants de la tech.
PARTIE 4 — Vers une explosion… ou une transition ?
selon wikipedia, La bulle Internet ou bulle technologique est une bulle spéculative qui a affecté les « valeurs technologiques », c’est-à-dire celles des secteurs liés à l’informatique et aux télécommunications, sur les marchés d’actions à la fin des années 1990. Son apogée a eu lieu en mars 2000.
Le modèle économique du commerce électronique, lié à ce que l’on appelle l’immatériel, est rendu célèbre par Amazon, eBay et AOL, des sociétés profitant d’une bulle des capitalisations boursières des jeunes sociétés sans équivalent dans l’histoire, qui finit en krach, phénomène touchant aussi de nombreuses petites sociétés de biotechnologies.
En 2012, on parle de seconde bulle Internet, devant le constat d’une répétition des événements survenus dix ans plus tôt.
Par analogie, de plus en plus d’analystes financiers prévoient une bulle de l’intelligence artificielle, similaire à la bulle Internet en raison d’investissements massifs qui ne pourraient être rentabilisés.
4.1. Les scénarios possibles (2025–2030)
Scénario 1 : Correction douce (40 %)
Les valorisations se stabilisent, les acteurs faibles disparaissent.
Scénario 2 : Krach technologique (25 %)
Un choc déclenche une chute brutale :
- baisse des ventes GPU,
- crise énergétique,
- régulation dure,
- scandale autour des données.
Scénario 3 : Consolidation (35 %)
Les géants rachètent les fragiles.
Le marché se restructure.
C’est le scénario considéré le plus probable.
4.2. Comment éviter la catastrophe ?
Pour les sociétés
- Choisir l’IA utile, pas l’IA marketing.
- Ne pas tout automatiser.
- Former les collaborateurs.
- Se protéger des hallucinations.
- Diversifier les fournisseurs IA.
Pour les investisseurs de toutes taille
- Ne pas suivre la hype.
- Analyser le ROI réel.
- Privilégier les technologies périphériques :
- MLOps,
- cybersécurité IA,
- edge computing,
- énergie.
Pour les États
- Investir dans une IA souveraine.
- Réguler sans étouffer l’innovation.
- Garantir l’accès à l’énergie.
Conclusion : une bulle d’innovation, mais pas une bulle de vide
L’IA est probablement l’une des plus grandes innovations depuis l’électricité et Internet.
Elle transforme réellement nos façons de travailler, de créer, de produire.
Mais elle s’inscrit aussi dans un cycle classique :
enthousiasme → excès → correction → maturité.
La bulle Internet a explosé.
Mais de ses cendres sont nés Google, Facebook, Amazon, YouTube.
La bulle IA pourrait suivre le même chemin
une correction, des disparitions… mais aussi un écosystème plus solide, plus pragmatique et plus innovant encore.
Nous ne sommes pas face à une bulle vide. Nous sommes face à une bulle de transition.
L’IA n’est pas une mode. Elle est un changement d’ère. une évolution de modernité, la vie … Mais comme tous les changements majeurs, elle devra passer par une phase de consolidation — peut-être violente, peut-être maîtrisée — avant de trouver son véritable équilibre.
Ce que nous vivons en 2025 n’est ni un mirage, ni une certitude. une formation en IAG pour comprendre que C’est une révolution en cours, avec ses excès, ses leçons, ses espoirs, ses risques — et sa formidable promesse. bulle ia temporaire ?